(English version here)
Bonjour,
La semaine dernière nous commencions les chroniques sur les différentes techniques proposées en coloration de personnages étampés. Voici donc en exclusivité la technique de coloration au pinceau plat et aux encres Distress que j'ai mise au point l'année dernière. Un tutoriel complet sur la coloration d'un personnage vous sera offert au cours d'une prochaine chronique.
Matériel requis
Assiette ronde à alvéoles, bac à eau, encre Versafine ou StazOn noire, encres à base d’eau (Distress, Color Box, etc), papier aquarelle 90 lbs/140 g et/ou 140 lbs/300 g, papier palette, pinceau plat ½ ou #12 de bonne qualité, pinceau rond #4 de bonne qualité.
À propos des pinceaux
Pour cette technique, vous aurez besoin d’un pinceau plat #12 ou ½ ainsi que d’un pinceau rond #4. Je suggère fortement d’utiliser des pinceaux de très bonne qualité avec soies synthétiques utilisés pour la peinture décorative. Ces pinceaux ont habituellement un manche plus court soit environ 18 cm / 7 pouces et sont clairement identifiés pour l’usage de la peinture acrylique et/ou peinture décorative.
À propos des encres
Pour colorer des personnages on utilise des encres à base d’eau pour pouvoir les manipuler facilement et créer différents tons des plus transparents aux plus intenses et ce avec la même encre selon l’utilisation qu’on en fait. Pour se faire j’utilise presqu’exclusivement les encres Distress en bouteilles ce qui permet un meilleur contrôle de la quantité d'encre selon les besoins mais aussi je les trouve plus pratique à long terme que les boîtiers d’encres avec cette technique.
Bien sûr si on n’a que des boîtiers d’encre la technique se fait tout autant puisque c’est de cette manière que j’ai moi-même commencé à expérimenter ma technique. Donc que vous utilisiez les encres en bouteilles ou avec les boîtiers, le résultat sera le même quant aux personnages.
À propos du papier aquarelle
Le papier aquarelle est essentiel avec cette technique car on manipule le papier avec un frottement répétitif avec un pinceau humide. Si vous utilisez une autre qualité de papier vous vous rendrez compte très rapidement que ça n’ira pas puisqu’il n’est pas conçu pour être manipulé avec l’eau. Le papier s’endommage alors rapidement avec l’application répétée des coups de pinceau et il finit par «pelucher» et se percer.
On utilise idéalement le papier aquarelle mince 90 lbs/140 g et le moins texturé possible. Un papier aquarelle 140 lbs/300 g offre un résultat tout aussi intéressant, s’il n’est pas trop texturé bien sûr, par contre si on veut détourer les personnages ou objets, pour les fixer en 3D entre autres, ça devient plus difficile à couper car le papier se déchire beaucoup plus facilement.
À propos de l’assiette
Pour déposer les gouttes d'encres je conseille fortement l’utilisation de l’assiette ronde à alvéoles. Cette assiette est très pratique pour les encres liquides car les petites alvéoles rondes permettent de recueillir l’encre sans qu’elle ne s’écoule et se mélangent les unes aux autres. Puisque j’utilise toujours à peu près les mêmes encres, j’inscris le nom de chaque couleur dans l’emplacement qui lui appartient. Avec ces encres liquides il est essentiel de les identifier car il est difficile de les identifier les unes des autres par leur simple couleur. Après chaque séance je dépose mon assiette dans un boîtier à couvercle hermétique que je dépose ensuite au réfrigérateur jusqu’à la prochaine séance. La conservation au réfrigérateur permet d’éviter l’évaporation de l’humidité contenue dans l’encre, ainsi les gouttes d’encre ne s’assèchent pas. Je lave rarement mon assiette puisque d’une fois à l’autre je redépose une goutte d’une couleur ou d’une autre et si on la laverait à chaque séance, on perdrait rapidement de bonnes quantités d’encre.
On se rend rapidement compte que l’utilisation de l’encre liquide est une méthode très économique. Avec une seule goutte on peut colorer beaucoup de surface. C’est surprenant tout ce qu’on peut faire avec une seule petite goutte de ces encres.
La préparation du pinceau et l’application de la technique
Ma technique au pinceau plat permet de réaliser des dégradés qui donnent forme et perspective à nos personnages ou objets. La réussite de cette technique réside dans une chose bien importante pour ne pas dire essentielle… la préparation du pinceau. Si on ne prend pas le temps de bien préparer le pinceau avant d’appliquer le dégradé, on n’obtiendra pas les résultats escomptés. J’insiste sur ce fait car c’est primordial pour réussir un beau dégradé fondu.
Si on ne prend pas le temps de bien préparer le pinceau, on obtient un dégradé qui coupe carré donc pas de vrai dégradé au final. Ou encore si le pinceau est mal préparé on peut se retrouver avec une application semblable à un coup de pinceau pleine largeur donc un simple lavis ce qui est difficile à corriger par la suite sur une surface de papier.
Préparer le pinceau
Remplir d’abord au trois quart le bac à eau d’eau tiède. L’eau tiède permet une meilleure absorption de l’eau par les soies ce que l’eau froide ne permet pas autant.
Pour commencer on doit bien humidifier les soies du pinceau en immergeant et en agitant le pinceau dans le bac à eau pour que les soies soient bien saturées d’eau jusqu’à leur centre. On enlève le surplus d’eau des soies en les déposant d’un seul côté à plat sur un essuie-tout sec pendant deux ou trois secondes. S’assurer qu’il ne reste pas de goutte d’eau sur la ferrure de métal pour éviter qu’elle ne glisse sur le travail pendant l’application.
Préparation du pinceau avec encres liquides (en bouteilles)
Pour remplir les soies avec les encres liquides on doit effleurer le coin des soies du pinceau dans le bord de la goutte d’encre pour en prendre une toute petite quantité sur près de la moitié de la largeur des soies. S’assurer de ne prendre qu’une infime quantité d’encre avec le pinceau car sinon ce sera vraiment trop et on a alors moins de contrôle sur l’intensité de notre couleur.
Préparation du pinceau avec encres en boîtiers
Pour remplir les soies avec les encres en boîtiers on doit glisser la moitié de la largeur des soies du pinceau en un mouvement d'aller-retour sur le bord du coussinet encreur pour en prendre une quantité suffisante. Pour s’assurer de prendre la bonne quantité d’encre avec le pinceau on doit parfois insister avec une certaine fermeté dans le mouvement d'aller-retour.
L’étape suivante consiste à étendre l’encre dans les soies de sorte à préparer le dégradé souhaité. Pour se faire déposer les soies sur le papier palette et réaliser un mouvement ferme d’aller-retour répété plusieurs fois comme on voit sur les photos suivantes. Garder le pinceau bien droit à la verticale pour éviter que les soies ne se tordent et se glissent toutes d’un seul côté ce qui empêcherait d’étendre l’encre en dégradé dans les soies. Très important aussi de mettre une pression ferme sur les soies de sorte à ce qu’elles s’ouvrent légèrement en éventail pendant le mouvement d’aller-retour. Ce mouvement permet à l'encre de bien s'étaler sur la largeur du pinceau ce qui crée le dégradé.
Prendre note que l’intensité de la couleur dépend de la quantité d’encre et d’eau utilisées. Si on veut diminuer l’intensité on s’assure de ne prendre qu’un minimum d’encre et une quantité suffisante d’eau. L’idéal pour vérifier l’exactitude de l’intensité de l’application est d’avoir toujours à portée de main un morceau de papier aquarelle sur lequel faire des essais avant d’appliquer directement sur la surface à colorer.
S’assurer que les soies contiennent suffisamment d’eau sinon on n’aura que des lignes disgracieuses de couleur au lieu d’un beau dégradé fondu. Un truc très pratique pour garder une quantité suffisante d’eau dans les soies est de toucher avec la pointe des soies une petite goutte d’eau sur le bord du bac à eau (voir photo). Ainsi l’eau pénètre par elle-même dans les soies à son contact et la plupart du temps c’est suffisant pour rétablir l’humidité du pinceau.
Le mélange au pinceau de deux couleurs et/ou plus
Cette technique est ma favorite pour le mélange des couleurs car elle permet une belle panoplie de différentes teintes des couleurs choisies à partir de deux ou trois couleurs seulement.
Exemple… Je désire colorer le visage d'un personnage et je veux accentuer les contours d’ombres mais de façon subtile. J’utilise alors la couleur de base du visage Tattered Rose + Victorian Velvet + Vintage Photo.
Je prends d'abord un coin de la couleur Tattered Rose.
Je fais mon mouvement d’aller-retour sur le papier palette.
Je prends sur le même coin la deuxième couleur soit Victorian Velvet.
Je retourne au même endroit sur mon papier palette faire mon mouvement d’aller-retour.
Je prends encore sur le même coin la troisième couleur qui est Vintage Photo et je retourne toujours au même endroit réaliser mon mouvement d’aller-retour.
Et si je trouve que ma couleur est trop intense, je retourne chercher un peu de Tattered Rose et refais le mouvement d’aller-retour à côté cette fois. Je peux maintenant appliquer le contour d’ombre du visage.
En résumé, cette technique du mélange au pinceau consiste à créer une ou des couleurs entre deux couleurs ou plus. En utilisant la couleur A et la couleur B on peut obtenir au final quatre (4) couleurs et/ou tons différents. On a alors la possibilité de réaliser un mélange plus près de la couleur A ou un autre mélange plus près de la couleur B.
Si on veut réaliser une teinte légèrement plus foncée que la couleur A on utilise la couleur B en premier pour ensuite ajouter la couleur A. Pour une couleur légèrement plus claire que la couleur B, on utilise en premier la couleur A pour terminer par la couleur B et on obtient alors une couleur un peu plus foncée se rapprochant de la couleur B.
On doit donc retenir ceci pour le mélange au pinceau… utiliser en deuxième la couleur que l’on veut dominante.
On peut utiliser le mélange au pinceau pour créer toutes les couleurs complémentaires que l’on souhaite. Ne pas hésiter à utiliser plus de deux couleurs pour arriver à la couleur exacte souhaitée.
L’utilisation du pinceau rond
Pour couvrir sommairement certaines surfaces de l’élément à colorer, on peut utiliser le pinceau rond. J’utilise souvent le pinceau rond pour la base de la coloration des cheveux, des chaussures ou tout autre petite surface à colorer en tant que couleur de base mais aussi pour atténuer des couleurs ou des dégradés que je trouve trop intenses ou trop « découpés ».
D’abord humidifier les soies en immergeant le pinceau dans l’eau du bac à eau et bien agiter pour s’assurer que l’eau pénètre bien jusqu’au centre des soies. Enlever le surplus d’eau en déposant les soies sur l’essuie-tout une à deux secondes et s’assurer ensuite d’enlever l’eau qui peut être restée sur la ferrure.
Pour prendre l’encre directement d’un boîtier à encre avec un pinceau rond, simplement frotter légèrement la pointe des soies sur le coussinet d’encre. Ensuite sur le papier palette bien étaler l’encre avec la pointe dans un petit mouvement circulaire pour s’assurer d’avoir une application égale sur la surface à colorer.
Comme pour le pinceau plat, les soies doivent être suffisamment humides pour obtenir le résultat escompté. Pour se faire on utilise aussi l’astuce de la goutte d’eau sur le bord du bac à eau citée un peu plus haut.
Cette astuce compte aussi pour les corrections que l’on effectue avec le pinceau plat. On humidifie les soies avec la goutte d’eau et ensuite dans un mouvement circulaire léger et étroit on atténue la couleur, le dégradé ou on corrige les petites imperfections tandis que la surface est encore humide. Il peut être plus difficile de corriger une surface qui a eu le temps de bien sécher. Soyez donc vigilant(e)s pour apporter les petits correctifs au fur et à mesure de la coloration de votre personnage et/ou objet.
Sur la photo qui suit voici quatre (4) traits de pinceaux, tous réalisés avec le même pinceau plat. Comme vous pouvez constater, les quatre (4) traits sont différents, voici les raisons de ces différences.
A - Un dégradé pas suffisamment préparé sur le papier palette donne un dégradé qui coupe carré.
B - Un dégradé préparé soit avec trop d'eau dans les soies, soit trop large d'encre dans les soies ou une combinaison des deux. Au final on obtient un résultat qui se situe entre le lavis et le dégradé raté.
C - Un dégradé relativement bien préparé mais une main trop hésitante donc à chaque petite hésitation les soies laissent des stries, je les appelle les stries d'hésitation. On peut les corriger avec un pinceau rond et de petits mouvements circulaires mais il faut le faire rapidement pour éviter que ça sèche avant de corriger.
D - Un dégradé bien réussi qui montre clairement la partie foncée et la partie transparente sans aucune hésitation ni démarquation disgracieuse.
Voici maintenant quelques exemples de dégradés réalisés sur des personnages.
Dans cette première série de photo on peut voir l'évolution des dégradés de deux bleus différents appliqués sur la neige du bonhomme de neige d'un personnage Magnolia. Sur la quatrième photo de cette planche, on voit le dégradé qui coupe un peu trop carré par sa démarcation évidente dans le haut du dégradé.
On peut maintenant voir la correction effectuée sur ce dégradé pour le fondre, le rendre plus fluide. Pour se faire j'ai utilisé au départ le pinceau plat avec un peu plus d'eau pour réhumidifier ma surface et ensuite j'ai effectué quelques mouvement circulaires assez fermes avec les soies du pinceau rond pour atténuer la couleur de la démarcation.
Sur ce troisième exemple on peut voir comment réaliser un dégradé dans un coin arrondi. On appelle ce trait de pinceau le trait en C. On applique le dégradé en glissant le pinceau sans le changer de position, les soies restent donc dans la même position ce qui permet de réaliser un beau dégradé en douceur et bien fondu sans laisser de marques ou de traces distracieuses. Pour terminer on peut adoucir un peu le dégradé dans sa partie transparente à l'aide du pinceau rond humide et quelques légers mouvements circulaires.
Ici on peut voir le même mouvement de coin arrondi pour la manche du manteau de la petite Tilda.
Dans ces derniers exemples voici l'application des dégradés sur le visage de Tilda avec les couleurs citées précédemment dans le texte explicatif.
Quelques touches de dégradés pour la base de la robe de Tilda.
Et pour terminer les touches finales de couleurs plus intenses qui permettent de mieux définir la couleur des vêtements du personnage.
Alors voilà, vous connaissez maintenant mon procédé et j'espère qu'il vous inspirera l'envie de vous y mettre et qui sait de l'adopter pour vos prochaines colorations de personnages.
Sur ce je vous souhaite bonne pratique et bon scrap!!
Clara